Connaissance Sensible

Depuis quelques années, la frontière épistémologique entre les arts, les sciences de la nature et les sciences humaines et sociales est remise en question par les acteurs de plusieurs champs disciplinaires. De plus en plus émancipées du fétichisme rhétorique qui avait jusqu’alors limité leur expression aux modèles discursifs de la monographie ou de l’essai avec notes de bas de pages, les sciences humaines et sociales s’ouvrent aujourd’hui à d’autres registres d’expression : on peut exprimer un problème « scientifique » à travers une pièce de théâtre, un film, une bande dessinée ou un roman. Parallèlement, les arts contemporains se conçoivent de plus en plus comme une forme spécifique de « sciences sociales » : ils ne se limitent pas à la production d’œuvres ou d’objets matériels, mais produisent des vérités sur le monde naturel et social qui ne peuvent s’exprimer que par un biais sensible. Depuis le fameux article d’Appleton en 1953 sur « l’expérience élégante », les sciences naturelles tendent elles aussi à mesurer leurs résultats à l’aune de catégories esthétiques.

C’est sur le territoire du sensible que ces hybridations surviennent : loin d’être la matière première que tout acte cognitif est obligé de réélaborer pour formuler une vérité, le sensible est plus exactement le médium universel de toute forme de connaissance. Le séminaire invitera des artistes et des scientifiques travaillant aux frontières des arts, des sciences de la nature et des sciences humaines et sociales.

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